Témoignage
Je vous adresse toutes mes condoléances pour le décès de Marlene. Elle m’a appris la langue de Heidegger, celle de Hegel et nous parlions parfois ensemble celle de Rimbaud ; puis elle a dirigé mes recherches sur Kierkegaard, Léon Chestov et Benjamin Fondane. Aujourd’hui je pleure avec vous une des personnes les plus fines et brillantes que j’ai rencontrées. Étudiants nous adorions sa tendresse, sa pertinence et son humilité immense. Elle avait une intelligence rare qui transperçait les textes les plus opaques et, avec elle, on plongeait dans les livres de Hegel et de Heidegger comme dans une langue étrangère. Et elle nous les rendait limpides...
Elle a révélé dans Sein und Zeit le merveilleux, dans la facon qu’il a de ramener les humains à leur ouverture au monde, notamment à travers la poésie ; mais elle en dénonçait aussi sans faille le sordide, lorsqu’il méprise la banalité de la quotidienneté des gens simples (elle nous donnait pour briser ses arguments l’exemple avant gardiste en 2006 de la charge mentale des jeunes mères qui en se perdant dans la quotidienneté des courses, de l’école et des leçons de violoncelle vivaient en réalité authentiquement leur existence de mère) et elle le critiquait surtout lorsqu’il pense la sournoise liberté pour la mort, qui permet de justifier l’horreur des n’importe quoi.
Plus récemment, elle m’a encouragé dans mes travaux sur la détresse existentielle que je mène aujourd’hui sur le terrain de la fin de vie, lorsque je l’ai recontactée il y a quelques années pour l’inviter à un colloque. Nous avons parlé du rapport au monde, comment habiter poétiquement le monde.
Et voilà qu’elle a franchi la mort...
Chose étonnante, j’apprends son décès quelques heures après être tombé, par hasard, sur un article de psycho sur la pulsion de mort qui la citait longuement.
Vous qui étiez ses proches, recevez ce témoignage de gratitude parmi tant d’autres.
Je ne l’oublierai pas
Benjamin Guérin- 17-06-25
Témoignage
Etudiant de Marlène Zarader seulement une année, peu après son arrivée à l'Université de Montpellier, j'ai pu apprécier l'extrême rigueur de son enseignement dans son approche des questions et des textes mais aussi sa grande générosité dans ses échanges avec les étudiantes et étudiants. Plus de vingt ans après, devenu professeur de lycée et de retour dans l'Académie de Montpellier, j'ai retrouvé les mêmes qualités intellectuelles et morales à l'occasion d'une conférence que Marlène Zarader donna dans le cadre de la formation continue. Marlène Zarader fut une professeure d'exception et une philosophe à l'œuvre reconnue. Sincères condoléances. Philippe Vergès
Philippe Vergès- 16-06-25